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le torrent de la foïba.

« Qu’est cela ? se demanda Mathias Sandorf. Est-ce un coup de canon qui annonce l’ouverture d’un port ? Dans ce cas, nous ne serions pas éloignés du littoral ! Quel pourrait être ce port ? Trieste ? Non, puisque voici l’orient, de ce côté où va monter le soleil ! Serait-ce Pola, à l’extrémité sud de l’Istrie ? Mais alors… »

Une seconde détonation retentit encore et fut presque aussitôt suivie d’une troisième.

« Trois coups de canon ? se dit le comte Sandorf. Ne serait-ce pas plutôt le signal d’un embargo mis sur les navires qui voudraient prendre la mer ? Cela a-t-il quelque rapport avec notre évasion ? »

Il pouvait le craindre. Certainement, les autorités n’avaient rien dû négliger pour empêcher les fugitifs de s’enfuir, en se jetant dans quelque embarcation du littoral.

« Que Dieu nous vienne maintenant en aide ! murmura le comte Sandorf. Lui seul le peut ! »

Cependant, les hautes falaises qui encadraient la Foïba commençaient à s’abaisser en s’écartant l’une de l’autre. Toutefois, on ne pouvait encore rien reconnaître du pays environnant. De brusques coudes masquaient l’horizon et bornaient à quelques centaines de pieds le rayon de vue. Aucune orientation n’était possible.