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le torrent de la foïba.

— Je suis surtout épuisé par la faim !

— Essayons donc de gagner le littoral ! Peut-être trouverons-nous l’occasion de nous procurer quelque nourriture et même de nous embarquer ! Viens, Étienne ! »

Et tous deux quittèrent la hutte, évidemment plus affaiblis par la faim que par la fatigue.

L’intention du comte Sandorf était de suivre la rive méridionale du canal de Lème, de manière à atteindre le bord de la mer. Toutefois, si la contrée était déserte, de nombreux ruisseaux la sillonnaient en coulant vers l’estuaire. Sous ce réseau humide, toute la partie, confinant à ses grèves, ne forme qu’une vaste « mollière », dont la vase n’offre aucun solide point d’appui. Il fallut donc la tourner en obliquant vers le sud, — direction qu’il était aisé de reconnaître à la marche ascendante du soleil. Pendant deux heures, les fugitifs allèrent ainsi, sans rencontrer un seul être humain, mais aussi sans avoir pu apaiser la faim qui les dévorait.

Alors le pays devint moins aride. Une route se présenta, courant de l’est à l’ouest, avec une borne milliaire, qui n’apprit rien de cette région à travers laquelle le comte Sandorf et Étienne Bathory s’aventuraient en aveugles. Cependant, quelques haies de mûriers, plus loin un champ de sorgho, leur