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mathias sandorf.

sur ce point si important pour lui, et ce ne serait plus au hasard, à travers la péninsule istrienne, qu’il se dirigerait maintenant, si la fuite était encore possible !

La conversation des gendarmes en resta là ; mais, dans ces quelques mots, les fugitifs avaient appris tout ce qu’ils avaient intérêt à savoir, — sauf, peut-être, quelle était la ville la plus rapprochée du canal de Lème, sur le littoral de l’Adriatique.

Cependant, le brigadier s’était levé. Il allait et venait le long de la barrière de l’enclos, regardant si ses hommes revenaient le rejoindre à la ferme. Deux ou trois fois, il entra dans la maison délabrée, et il en visita les chambres, plutôt par habitude du métier que par soupçon. Il vint aussi jusqu’à la porte du cellier, où les fugitifs auraient été certainement découverts, s’il n’y eût régné une obscurité profonde. Il y entra même et effleura le tas de broussailles avec le bout de son fourreau, mais sans atteindre ceux qui s’y tenaient blottis. À ce moment, Mathias Sandorf et Étienne Bathory passèrent par toute une série d’angoisses difficiles à décrire. D’ailleurs, ils étaient bien décidés à vendre chèrement leur vie, si on arrivait jusqu’à eux. Se précipiter sur le brigadier, profiter de sa surprise pour lui arracher ses armes, l’attaquer, ses