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la maison du pêcheur ferrato.

verres, deux assiettes, du linge blanc. Un « veglione », sorte de lampe à trois mèches alimentées d’huile, éclairait la salle.

Le comte Sandorf et Étienne Bathory se mirent aussitôt à table : ils étaient à bout de forces.

« Mais vous ? dirent-ils au pêcheur.

— Nous avons soupé ! » répondit Andréa Ferrato.

Ces deux affamés dévorèrent, — c’est le mot, — les provisions qui leur étaient offertes avec tant de simplicité et de si bon cœur. Mais, tout en mangeant, ils ne cessaient d’observer le pêcheur, sa fille, son fils, assis dans un coin de la salle, qui les regardaient, sans prononcer une seule parole. Andréa Ferrato pouvait avoir alors quarante-deux ans. C’était un homme de physionomie sévère, un peu triste même, avec des traits expressifs sous le hâle de sa face, des yeux noirs et d’un vif regard. Il portait le costume des pêcheurs de l’Adriatique, sous lequel on devinait une robuste et puissante carrure. Maria, — dont la taille et la figure rappelaient ce qu’avait été sa femme, — était grande, bien faite, plutôt belle que jolie, avec d’ardents yeux noirs, une chevelure brune, une peau chaudement colorée par la vivacité du sang corse. Sérieuse, en