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la maison du pêcheur ferrato.

jours à la mer, à l’époque des grandes pêches. D’ailleurs, je vous le répète, cela me regarde. C’est ainsi qu’il faut faire : c’est ainsi que nous ferons ! »

Il n’y avait pas à discuter la résolution du pêcheur. Le projet d’Andréa Ferrato était évidemment le meilleur et d’une exécution facile, puisque la balancelle, — il l’espérait du moins, — n’aurait rien à redouter de l’état de la mer. Il n’y avait de précautions à prendre qu’au moment de l’embarquement. Mais la nuit serait déjà sombre, sans lune, et, très probablement, avec le soir, sur la côte se lèverait une de ces épaisses brumes qui ne s’étendent pas au large. À cette heure, le long de la grève déserte, sauf un ou deux douaniers parcourant leur pantière, on ne trouverait personne. Quant aux autres pêcheurs, les voisins d’Andréa Ferrato, ainsi qu’ils l’avaient dit, ils seraient occupés à tendre leurs madragues sur des piques, en dehors du semis des roches, c’est-à-dire à deux ou trois milles au-dessous de Rovigno. Lorsqu’ils apercevraient la balancelle, s’ils l’apercevaient, elle serait déjà loin en mer avec les deux fugitifs cachés sous son pont.

« Et quelle est la distance en droite ligne, qui sépare le port de Rovigno du point le plus rapproché de la côte italienne ? demanda alors Étienne Bathory.