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mathias sandorf.

— Cinquante milles environ.

— Combien de temps faut-il pour la franchir ?

— Avec ce vent portant, nous pouvons traverser en une douzaine d’heures. Mais vous êtes sans argent. Il vous en faut. Prenez cette ceinture où il y a trois cents florins, et mettez-vous là autour du corps.

— Mon ami… dit Mathias Sandorf.

— Vous me rendrez cela plus tard, répliqua le pêcheur, quand vous serez en sûreté. Et maintenant, attendez-moi ! »

Les choses étant ainsi convenues, Andréa Ferrato se retira et vint reprendre ses occupations habituelles, tantôt travaillant sur la grève, tantôt s’occupant dans sa maison. Luigi, sans avoir été remarqué, put transporter des provisions pour quelques jours à bord de la balancelle, après les avoir préalablement enveloppées dans une voile de rechange. Aucun soupçon n’eût été possible, qui eût pu contrarier les projets d’Andréa Ferrato. Il poussa même les précautions jusqu’à ne plus revoir ses hôtes pendant le reste de la journée. Mathias Sandorf et Étienne Bathory demeurèrent cachés au fond de la petite chambre, dont la fenêtre resta toujours ouverte. Lorsqu’il serait temps de quitter la maison, le pêcheur s’était chargé de les prévenir.