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derniers efforts dans une dernière lutte.

« Monsieur le comte, dit enfin Andréa Ferrato, la police peut envahir ma maison d’un moment à l’autre. Oui ! ce gueux doit savoir ou tout au moins supposer que vous êtes ici ! C’est un marché qu’il est venu me proposer ! Ma fille pour prix de son silence ! Il vous perdra pour se venger de moi ! Or, si les agents viennent, il n’est pas possible de leur échapper, et vous serez découverts. Oui ! Il faut fuir à l’instant !

— Vous avez raison, Ferrato, répondit le comte Sandorf ; mais avant de nous séparer, laissez-moi vous remercier de ce que vous avez fait pour nous et de ce que vous vouliez faire…

— Ce que je voulais faire, je le veux faire encore, dit gravement Andréa Ferrato.

— Nous refusons ! répondit Étienne Bathory.

— Oui, nous refusons, ajouta le comte Sandorf. Vous vous êtes déjà trop compromis ! Si on nous trouve dans votre demeure, c’est le bagne qui vous attend ! Viens Étienne, quittons cette maison, avant d’y avoir apporté la ruine et le malheur ! Fuyons, mais fuyons seuls ! »

Andréa Ferrato arrêta de la main le comte Sandorf.

« Où iriez-vous ? dit-il. Le pays est tout entier sous la surveillance des autorités. Les agents de la police et les gendarmes courent nuit et jour la campagne. Il n’y a pas un point du littoral où vous puis-