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pescade et matifou.

ou d’adresse pour la plus grande satisfaction du public.

C’étaient les musiciens, il faut bien le dire, qui attiraient alors le plus de spectateurs. Parmi eux les guzlars ou joueurs de guzla faisaient les meilleures recettes. En s’accompagnant sur leurs instruments bizarres, ils chantaient d’une voix gutturale les chants de leur pays, et cela valait la peine que l’on s’arrêtât à les écouter.

La guzla, dont se servent ces virtuoses de la rue, a plusieurs cordes tendues sur un manche démesuré qu’ils râclent tout uniment avec un simple boyau. Quant à la voix des chanteurs, les notes ne risquent pas de leur manquer, car ils vont les chercher au moins autant dans leur tête que dans leur poitrine.

L’un de ces chanteurs, — un grand gaillard, jaune de peau et brun de poil, tenant entre ses genoux son instrument, semblable à un violoncelle qui aurait maigri, — mimait par son attitude et ses gestes une canzonette, dont voici la traduction presque littérale :

Lorsque vibre la chanson,

La chanson de la Zingare,
Veille bien à la façon
Dont elle dit sa chanson,
Ou gare

À la Zingare !