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le lancement du trabacolo.

dant tout le temps qui fut nécessaire à l’évacuation de la salle. Puis, d’un autre bond, il se précipita au dehors, au moment où la toiture s’écroulait derrière lui.

Cela, c’était pour la force des épaules. Voici maintenant pour la force des bras.

Un jour, dans les plaines de la Camargue, un taureau, pris de fureur, s’échappa de l’enclos où il était parqué, poursuivit, blessa plusieurs personnes, et eût causé de plus grands malheurs, sans l’intervention de Cap Matifou. Cap Matifou courut sur l’animal, l’attendit de pied ferme ; puis, au moment où il se précipitait tête baissée sur lui, il le saisit par les cornes, le renversa d’un coup de biceps, et le maintint, les quatre sabots en l’air, jusqu’à ce qu’il eût été maîtrisé et mis hors d’état de nuire.

De cette force surhumaine, on aurait pu rapporter d’autres preuves : celles-ci suffisent à faire comprendre non seulement la vigueur de Cap Matifou, mais aussi son courage et son dévouement, puisqu’il n’hésitait jamais à risquer sa vie, lorsqu’il s’agissait de venir en aide à ses semblables. C’était donc un être bon autant que fort. Toutefois, pour ne rien perdre de ses forces, comme le répétait Pointe Pescade, il fallait qu’il mangeât, et son compagnon