Aller au contenu

Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 2.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

200
mathias sandorf.

la petite ville, qui avait reçu le nom transylvanien d’Artenak, en souvenir de ce domaine que le comte Sandorf possédait sur le revers des Carpathes. Artenak se montrait sous un très pittoresque aspect. Il y avait là quelques centaines de maisons, tout au plus. Au lieu d’être bâties sur un échiquier, à l’américaine, avec rues et avenues relevées au cordeau ou tracées au tire-ligne, elles étaient disposées, sans ordre, dominant les tumescences du sol, avec leur base dans de frais jardins, leur faîte sous de beaux ombrages, les unes de forme européenne, les autres de forme arabe, un peu pêle-mêle, le long des courants d’eau vive envoyés par les machines élévatoires, — tout cela frais, aimable, attrayant, tentateur, — une cité au sens modeste de ce mot, dans laquelle les habitants, membres d’une même famille, pouvaient se mêler à la vie commune, en conservant le calme et l’indépendance du chez soi.

Heureux ! oui, ils l’étaient ces indigènes d’Antékirtta. Ubi bene, ibi patria, est sans doute une devise peu patriotique ; mais on voudra bien la passer à de braves gens accourus à l’appel du docteur, qui, misérables en leurs pays d’origine, trouvaient le bonheur et l’aisance dans cette île hospitalière.