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Page:Verne - Mathias Sandorf, Hetzel, 1885, tome 2.djvu/96

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mathias sandorf.

son rôle de femme du monde terminé, elle se reléguait au fond de son appartement. Là, se consacrant tout entière à l’éducation de sa fille, sur laquelle s’étaient reportées ses seules affections, elle s’essayait à oublier. Oublier, quand l’homme, compromis dans cette affaire, vivait sous le même toit qu’elle !

Or, il arriva, précisément que, deux ans après leur installation à Raguse, cet état de choses vint encore se compliquer. Si cette complication créa un nouveau sujet d’ennui pour le banquier, Mme Toronthal y trouva un nouveau sujet de douleur.

Mme Bathory, son fils et Borik, eux aussi, avaient quitté Trieste pour s’établir à Raguse où il leur restait encore quelques parents. La veuve d’Étienne Bathory ne connaissait point Silas Toronthal ; elle ignorait même qu’il eût jamais existé un rapport quelconque entre le banquier et le comte Mathias Sandorf. Quant à se douter que cet homme eût trempé dans l’acte criminel qui avait coûté la vie aux trois nobles hongrois, comment l’aurait-elle appris, puisque son mari n’avait pu lui révéler, avant de mourir, le nom des misérables qui les avaient vendus à la police autrichienne.

Cependant si Mme Bathory ne connaissait pas le banquier de Trieste, celui-ci la connaissait. De se