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mathias sandorf.

dalousie. Au sud, sur cette côte admirablement accidentée, depuis le cap Spartel jusqu’à la pointe d’Almina, s’étagent les noires cimes des Bullones, le mont des Singes, les sommités des Septem fratres. À droite et à gauche apparaissent de pittoresques villes, blotties dans le fond des anses, assises aux flancs des premières rampes, étendues sur les basses grèves que dominent de gigantesques arrière-plans, Tarifa, Algésiras, Tanger, Ceuta. Puis, entre les deux rives, devant l’étrave rapide des steamers que n’arrêtent ni la mer ni le vent, sous la guibre de ces voiliers que les brises de l’ouest retiennent quelquefois par centaines à l’embouchure de l’Atlantique, se développe une surface d’eaux mobiles, changeantes, ici, grises et déferlantes, là, bleues et calmes, striées de petites crêtes, qui marquent la ligne des contre-courants avec leurs zig-zags dentelés. Nul ne pourrait être insensible au charme de ces beautés sublimes que deux continents, l’Europe et l’Afrique, mettent face à face sur ce double panorama du détroit de Gibraltar.

Cependant, le Ferrato s’approchait rapidement de la terre africaine. La baie rentrante, au fond de laquelle Tanger se cache, commençait à se fermer, tandis que le rocher de Ceuta devenait d’autant plus visible que la côte, au-delà, fait un cro-