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harry felton.

Le jour venu, le médecin, très inquiet de l’état de prostration de Harry Felton, essaya des plus énergiques médications, qui ne produisirent aucun effet. Il ne tarderait pas à expirer…

Ainsi, Mrs. Branican allait voir rentrer dans le néant les espérances que le retour de Harry Felton avait permis de concevoir !… À la lumière qu’il aurait pu apporter succéderait une obscurité profonde, qu’on ne parviendrait plus à dissiper !… Et alors, tout serait fini, bien fini !…

Sur la demande de Dolly, les principaux médecins de la ville s’étaient réunis en consultation. Mais, après avoir examiné le malade, ils se déclarèrent impuissants.

« Vous ne pouvez quoi que ce soit pour ce malheureux ? leur demanda Mrs. Branican.

— Non, madame, répondit l’un des médecins.

— Pas même lui redonner une minute d’intelligence… une minute de souvenir ?… »

Et, cette minute, Mrs. Branican l’eût payée de sa fortune tout entière ! Mais ce qui n’est plus au pouvoir des hommes est toujours au pouvoir de Dieu. C’est à lui que l’homme doit s’adresser, lorsque les ressources humaines font défaut.

Dès que les médecins se furent retirés, Dolly s’agenouilla, et, quand Zach Fren vint la rejoindre, il la trouva en prière près du mourant.

Soudain, Zach Fren, qui s’était rapproché pour s’assurer si un souffle s’échappait encore des lèvres de Harry Felton, s’écria :

« Mistress !… mistress ! »

Dolly, croyant que le maître n’avait plus trouvé qu’un cadavre dans ce lit, se releva…

« Mort ?… murmura-t-elle.

— Non… mistress… non !… Voyez… Ses yeux sont ouverts… Il regarde… »

En effet, sous ses paupières soulevées, les yeux d’Harry Felton