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mistress branican.

seraient probablement causés par les rigueurs du climat, et toutes précautions seraient prises pour s’en garantir. Dolly parla du capitaine John, de son tempérament robuste, de son indomptable énergie, qui lui avaient permis — elle n’en doutait pas — de résister là où d’autres, moins vigoureux, moins fortement trempés, auraient succombé. Entre temps, elle n’avait fait aucune allusion à Godfrey, et Zach Fren pouvait espérer que sa pensée s’était détournée de ce garçon, lorsqu’elle dit :

« Je n’ai pas encore vu aujourd’hui le jeune novice… Ne l’avez-vous point aperçu, Zach ?

— Non, mistress, répondit le maître, que cette question parut contrarier.

— Peut-être pourrais-je faire quelque chose pour cet enfant ? » reprit Dolly.

Et elle affectait de n’en parler qu’avec une sorte d’indifférence, à laquelle Zach Fren ne se méprit point.

« Ce garçon ?… répondit-il. Oh ! il a un bon métier, mistress… Il arrivera… Je le vois déjà quartier-maître d’ici à quelques années… Avec du zèle et de la conduite…

— N’importe, reprit Dolly, il m’intéresse… Il m’intéresse à un point… Mais aussi, Zach, cette ressemblance, oui !… cette ressemblance extraordinaire entre mon pauvre John et lui… Et puis, Wat… mon enfant… aurait son âge ! »

Et en disant cela, Dolly devenait pâle ; sa voix s’altérait ; son regard, qui se fixait sur Zach Fren, était si interrogateur que le maître avait baissé les yeux.

Puis elle ajouta :

« Vous me le présenterez dans l’après-midi, Zach… Ne l’oubliez pas… Je veux lui parler… Cette traversée sera finie demain… Nous ne nous reverrons jamais… et, avant de quitter le Brisbane… je désire savoir… Oui ! savoir… »

Zach Fren dut promettre à Dolly de lui amener Godfrey, et elle se retira.