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godfrey.

Le maître, très soucieux, très alarmé même, continua de se promener sur le spardeck jusqu’au moment où le steward sonna le second déjeuner. Il faillit alors se heurter contre l’Anglais, qui semblait rythmer ses pas sur les battements de la cloche, en se dirigeant vers l’escalier du capot.

« Bien !… Oh !… Très bien ! fit Jos Meritt. Vous avez, sur ma demande… offert mes compliments… Son mari disparu… Bien !… Oh !… Très bien ! »

Et il s’en alla, afin de gagner la place qu’il avait choisie à la table du « dining-room », — la meilleure, cela s’entend, et voisine de l’office, ce qui lui permettait de se servir le premier et de prendre les morceaux de choix.

À trois heures, le Brisbane naviguait à l’ouvert de Portland, le principal port du district de Normanby, où vient aboutir le railway de Melbourne ; puis, le cap Nelson ayant été doublé, il passait au large de la baie Discovery et remontait presque directement vers le nord, en élongeant d’assez près la côte de l’Australie méridionale.

Ce fut à cet instant que Zach Fren vint prévenir Godfrey que Mrs. Branican désirait lui parler.

« Me parler ? » s’écria le jeune novice.

Et son cœur battit si fort qu’il n’eut que le temps de se retenir à la lisse pour ne point tomber.

Godfrey, conduit par le maître, se rendit à la cabine, où l’attendait Mrs. Branican.

Dolly le regarda quelque temps. Il se tenait debout, devant elle, son béret à la main. Elle était assise sur un canapé. Zach Fren, accoté près de la porte, les observait tous les deux avec anxiété. Il savait bien ce que Dolly allait demander à Godfrey, mais il ignorait ce que le jeune novice lui répondrait.

« Mon enfant, dit Mrs. Branican, je voudrais avoir des renseignements sur vous… sur la famille à laquelle vous appartenez… Si je vous interroge, c’est que je m’intéresse… à votre situation… Voudrez-vous satisfaire à mes questions ?…