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le jeu de len burker.

Le capitaine John étant impatient de partir, il fut convenu que le départ s’effectuerait le jour même. Son plus vif désir était de revoir Jane, l’amie dévouée de sa femme, de lui parler de Dolly et de leur enfant, de M. William Andrew, de tous ceux qu’il retrouverait à San-Diégo…

On se mit en route dans l’après-midi du 23 avril.

Len Burker avait des vivres pour quelques jours. Pendant le voyage, la Fitz-Roy devait fournir l’eau nécessaire à la petite caravane. Les chameaux, qui servaient de montures à John et à Len Burker, leur permettraient au besoin de devancer leur escorte de quelques étapes. Cela faciliterait les desseins de Len Burker… Il ne fallait pas que le capitaine John arrivât au campement… et il n’y arriverait pas.

À huit heures du soir, Len Burker s’établit sur la rive gauche de la rivière pour y passer la nuit. Il était encore trop éloigné, pour mettre à exécution son projet de devancer l’escorte, au milieu de ces régions où quelques mauvaises rencontres étaient toujours à craindre.

Aussi, le lendemain, dès l’aube, reprit-il sa marche avec ses compagnons.

La journée suivante se partagea en deux étapes, qui ne furent interrompues que par une halte de deux heures. Il n’était pas toujours facile de suivre le cours de la Fitz-Roy, dont les berges étaient tantôt coupées de profondes entailles, tantôt barrées par des massifs inextricables de gommiers et d’eucalyptus, ce qui obligeait à faire de longs détours.

La journée avait été très dure, et, après leur repas, les noirs s’endormirent.

Quelques instants plus tard, le capitaine John était plongé dans un profond sommeil.

Il y avait peut-être là une occasion dont Len Burker aurait pu profiter, car il ne dormait pas, lui. Frapper John, traîner son cadavre à une vingtaine de pas, le précipiter dans la rivière, il semblait même