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place à une agitation caractéristique. Ce n’étaient point des crises, suivies d’une réaction, où l’intelligence s’annihilait plus absolument encore. Non ! On eût pu croire que Dolly éprouvait le besoin de se reprendre à la vie intellectuelle, que son âme cherchait à rompre les liens qui l’empêchaient de s’épandre à l’extérieur. Des enfants, qui lui furent présentés, obtinrent d’elle un regard, presque un sourire. On ne l’a pas oublié, à Prospect-House, durant la première période de sa folie, elle avait eu de ces échappées d’instinct, qui s’évanouissaient avec la crise. Maintenant, au contraire, ces impressions tendaient à persister. Il semblait que Dolly fût dans le cas d’une personne qui s’interroge, qui cherche à retrouver au fond de sa mémoire des souvenirs lointains.

Mrs. Branican allait-elle donc recouvrer la raison ? Était-ce un travail de régénération qui s’opérait en elle ? La plénitude de sa vie morale lui serait-elle rendue ?… Hélas ! à présent qu’elle n’avait plus ni enfant ni mari, était-il à souhaiter que cette guérison, on peut dire ce miracle, se manifestât, puisqu’elle n’en serait que plus malheureuse !

Que cela fût désirable ou non, les médecins entrevirent la possibilité d’obtenir ce résultat. Tout fut mis en œuvre pour produire sur l’esprit, sur le cœur de Mrs. Branican des secousses durables et salutaires. On jugea même à propos de lui faire quitter la maison du docteur Brumley, de la ramener à Prospect-House, de la réinstaller dans sa chambre du chalet. Et lorsque cela fut fait, elle eut certainement conscience de cette modification apportée à son existence, elle parut prendre intérêt à se trouver dans ces conditions nouvelles.

Avec les premières journées du printemps, — on était alors en avril, — les promenades recommencèrent aux environs. Mrs. Branican fut plusieurs fois conduite sur les grèves de la pointe Island. Les quelques navires qui passaient au large, elle les suivait du regard, et sa main se tendait vers l’horizon. Mais elle ne cherchait plus à s’échapper comme autrefois, à fuir le docteur Brumley qui l’accom-