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nord contre sud.

— D’où sont-ils partis ?

— De Mosquito-Inlet.

— Par où viennent-ils ?

— Par la cyprière.

— Où peuvent-ils être en ce moment ?

À quarante milles environ de l’île Carneral.

— Bien, répondit Texar. Il faut les laisser s’engager vers le sud, car il n’y a pas un jour à perdre pour concentrer les milices. S’il le faut, dès demain, nous partirons pour chercher refuge du côté du canal de Bahama…

— Et là, si nous étions trop vivement pressés avant d’avoir pu réunir nos partisans, nous trouverions une retraite assurée dans les îles anglaises ! »

Les divers sujets, qui venaient d’être traités dans cette conversation, étaient du plus grand intérêt pour Zermah. Si Texar se décidait à quitter l’île emmènerait-il ses prisonnières ou les laisserait-il au wigwam sous la garde de Squambô ? Dans ce dernier cas, il conviendrait de ne tenter l’évasion qu’après le départ de l’Espagnol. Peut-être, alors, la métisse pourrait-elle agir avec plus de chances de succès. Et puis, ne pouvait-il se faire que le détachement fédéral, qui parcourait en ce moment la Basse-Floride, arrivât sur les bords du lac Okee-cho-bee, en vue de l’île Carneral ?

Mais tout cet espoir auquel Zermah venait de se reprendre, s’évanouit aussitôt.

En effet, à la demande qui lui fut posée sur ce qu’il ferait de la métisse et de l’enfant, Texar répondit sans hésiter :

« Je les emmènerai, s’il le faut, jusqu’aux îles de Bahama.

— Cette petite fille pourra-t-elle supporter les fatigues de ce nouveau voyage ?…

— Oui ! j’en réponds, et, d’ailleurs, Zermah saura bien les lui éviter pendant la route !…

— Cependant, si cette enfant venait à mourir ?…

— J’aime mieux la voir morte que de la rendre à son père !

— Ah ! tu hais bien ces Burbank !…