Page:Verne - P’tit-bonhomme, Hetzel, 1906.djvu/129

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que le dîner dut être reculé de deux heures, et qu’il faisait presque nuit, lorsque la table fut dressée au milieu de la grande salle avec un luxe de luminaire qui la rendait éblouissante. Ce qui est certain, c’est que de très bonnes choses furent servies à ce repas somptueux — trois ou quatre plats de plus que d’habitude — avec des brocs d’une bière réjouissante, et un gâteau monstre que Martine et Kitty avaient confectionné d’après une recette dont le secret venait d’une bisaïeule très entendue en science culinaire.

Si l’on mangea gaiement, si l’on but de même, nous le laissons à imaginer. Tous étaient en joie. Murdock lui-même s’abandonnait plus qu’il ne le faisait d’ordinaire. Alors que les autres riaient aux éclats, il souriait, et un sourire de lui, c’était comme un rayon de soleil au milieu des frimas.

Quant à P’tit-Bonhomme, ce qui l’enchanta particulièrement, ce fut un arbre de Noël planté au centre de la table — un arbre enrubanné, avec des étoiles de lumières, toutes scintillantes entre ses branches.

Et voilà Grand’ mère qui lui dit :

« Regarde bien sous les feuilles, mon enfant… Je crois qu’il doit y avoir quelque chose pour toi ! »

P’tit-Bonhomme ne se fit pas prier, et quel bonheur il éprouva, quelle rougeur de plaisir lui monta au visage, lorsqu’il eut « cueilli » un joli couteau irlandais avec sa gaine rattachée à une ceinture de cuir !

C’était le premier cadeau de nouvelle année qu’il recevait, et combien il fut fier, lorsque Sim l’eut aidé à boucler la ceinture sur sa veste !

« Merci… Grand’mère… merci, tout le monde ! » s’écria-t-il en allant de l’un à l’autre.