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ce qui s’est passé au donegal.

supplément, que les trois pauvres êtres n’en auraient pas obtenu un morceau de plus.

La veille, on avait achevé ce qui restait du « stirabout », grossière bouillie de farine d’avoine, cuite à l’eau comme les grous de la Bretagne, et, depuis, personne n’avait mangé dans la hutte — pas plus la Hard que les enfants. Elle se soutenait de gin et entendait bien ne point dépenser en nourriture un seul penny de ce qu’elle avait en réserve. Elle en serait donc réduite à ramasser au coin de la route quelques pelures de pommes de terre pour le souper…

En ce moment, des grognements retentirent au dehors. La porte fut repoussée. Un cochon, qui errait à travers les rues boueuses, pénétra dans le cabin.

Cette bête affamée se mit à fureter dans les coins, reniflant à grands coups. La Hard, après avoir refermé la porte, ne chercha même pas à le chasser. Elle regardait l’animal de cet œil de l’ivrogne qui ne se fixe nulle part.

Sissy et P’tit-Bonhomme se relevèrent afin de se garer du pourceau. Tandis que l’animal fouillait du groin les ordures du sol, son instinct lui fit découvrir derrière le foyer éteint, sous la tourbe grisâtre, une grosse pomme de terre qui avait roulé en cet endroit. Il s’en empara, et, après un nouveau grognement, il la saisit entre ses mâchoires.

P’tit-Bonhomme l’aperçut. Cette grosse pomme, il la lui fallait. D’un bond s’élançant sur le porc, il la lui arracha au risque de se faire piétiner et mordre. Alors, appelant Sissy, elle et lui la dévorèrent à belles dents.

L’animal était demeuré immobile ; puis, la rage le prenant, il bondit sur l’enfant.

P’tit-Bonhomme essaya de s’enfuir avec le morceau de pomme de terre qu’il tenait à la main ; mais sans l’intervention de la Hard, ayant été renversé par l’animal, il n’aurait pas échappé à de cruelles morsures, bien que Sissy fût venue à son secours.

L’ivrognesse hébétée, qui regardait, parut comprendre enfin.