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p’tit-bonhomme.

tournant de la route, le nez en quête, la langue pendante, les yeux étincelants comme des yeux de chat.

En cinq ou six bonds, l’animal fut sur l’enfant… Que l’on se rassure, ce n’était pas pour le dévorer, c’était pour le réchauffer, en se couchant à son côté.

P’tit-Bonhomme ne tarda pas à reprendre ses sens. Il ouvrit les yeux, et sentit qu’une langue chaude et caressante léchait ses mains glacées.

« Birk ! » murmura-t-il.

C’était Birk, son unique ami, son fidèle compagnon à la ferme de Kerwan.

Comme il lui rendit ses caresses, tandis que la chaleur l’enveloppait entre les pattes du bon animal. Cela le ranima. Il se dit qu’il n’était plus seul au monde… Tous deux se mettraient à la recherche de la famille Mac Carthy… Il n’était pas douteux que Birk n’eût voulu l’accompagner après l’éviction… Mais pourquoi était-il revenu ?… Sans doute, les recors et les agents de la police l’avaient chassé à coups de pierres, à coups de bâton ?… En effet, les choses s’étaient ainsi passées, et Birk, brutalement repoussé, avait dû revenir vers la ferme. Maintenant, il saurait retrouver les traces des constables… P’tit-Bonhomme n’aurait qu’à se fier à son instinct pour rejoindre M. Mac Carthy…

Il se mit donc à causer avec Birk, ainsi qu’il le faisait pendant leurs longues heures sur les pâtures de Kerwan. Birk lui répondait à sa manière, poussant de ces petits aboiements qu’il n’était pas difficile de comprendre.

« Allons, mon chien, dit-il, allons ! »

Et Birk, gambadant, s’élança sur une des routes, en précédant son jeune maître.

Mais il arriva ceci : c’est que Birk, se souvenant d’avoir été maltraité par les gens de l’escorte, ne voulut pas prendre le chemin de Limerick. Il suivit celui qui longe la limite du comté de Kerry et conduit à Newmarket, une des bourgades du comté de Cork. Sans