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le bazar des « petites poches ».

commandes du Christmas et du nouveau jour de l’an. Le rayon des jouets dut être vingt fois renouvelé. Sans parler des autres objets à l’usage des enfants, on se figurerait difficilement ce que Bob vendit de chaloupes, de cutters, de goélettes, de bricks, de trois-mâts et même de paquebots mécaniques ! Les articles d’autres sortes s’enlevèrent avec un égal entrain. Il était de bon ton, parmi le beau monde, de faire ses achats au magasin des Petites Poches. Un cadeau n’était « sélect » qu’à la condition de porter la marque de Little Boy and Co. Ah ! la vogue, lorsque ce sont les babys qui la font, et lorsque les parents leur obéissent, comme c’est leur devoir !

P’tit-Bonhomme n’avait point à se repentir d’avoir abandonné Cork et son commerce de journaux. En venant chercher dans la capitale de l’Irlande un marché plus large, il avait vu juste. L’approbation de M. O’Brien lui était acquise, grâce à son activité, à sa prudence, dont témoignait l’extension croissante des affaires, et cela, rien qu’avec ses seules ressources. Le vieux négociant était frappé de ce que ce jeune garçon avait tenu à s’imposer cette règle de conduite, sans vouloir jamais s’en départir. Ses conseils, d’ailleurs, étaient respectueusement acceptés, s’il n’en avait pas été de même de son argent qu’il avait offert à plusieurs reprises, comme Grip avait offert le sien.

Bref, après avoir achevé son premier inventaire de fin d’année — inventaire dont M. O’Brien reconnut la parfaite sincérité — P’tit-Bonhomme eut lieu d’être satisfait : en six mois, depuis son arrivée à Dublin, il avait triplé son capital.