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que le départ s’effectuerait le lendemain dès la pointe du jour.

Ce soir-là, groupés en avant de la petite terrasse qui s’étendait devant l’habitation, les hôtes de Prospect-Hill purent assister à un splendide coucher de soleil sur un horizon dont aucune brume n’altérait la pureté. À quatre lieues de là, le cap de l’Est se fondait dans une ombre que ravivaient parfois les étincellements du ressac contre les basses roches de la pointe. La mer, d’une tranquillité parfaite, s’arrondissait jusqu’à la baie du Salut. Au-dessous de la colline, les prairies, ombragées de bouquets d’arbres, confondaient leur tapis verdoyant avec la tache jaunâtre des grèves. En arrière, à une huitaine de lieues, au sud, s’estompait la chaîne transversale vers laquelle s’attachaient obstinément les regards de M. Wolston, et dont les derniers rayons solaires festonnaient encore l’arête d’un liséré d’or.

Le lendemain, le chariot, après avoir redescendu les talus de Prospect-Hill, se remit en route, et, l’après-midi, il arrivait à l’enclos de Felsenheim. Avec quelle joie furent accueillis les absents dont l’exploration n’avait pas exigé moins de deux semaines ! C’est peu, sans doute, mais les chagrins de la séparation ne se mesurent pas uniquement à sa durée.

Inutile d’ajouter que Mme Zermatt, Mme Wolston et Annah n’avaient point perdu leur temps pendant ces quinze jours. Les travaux de lessi-