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à l’université de dorpat.

Université, qui se divise en corporations ou plutôt en « nations », lesquelles ne sont pas unies par le solide lien de la fraternité. D’après ce qui précède, on a pu constater que les passions y sont aussi vivaces entre l’élément slave et l’élément germanique que parmi la population des autres villes de l’Esthonie, de la Livonie et de la Courlande.

Il s’ensuit donc que la tranquillité ne règne réellement à Dorpat que durant la période des vacances universitaires, alors que les insoutenables chaleurs de la canicule ont renvoyé les étudiants dans leurs familles.

Au surplus, leur nombre considérable, — environ neuf cents — exige un personnel de soixante-douze professeurs pour les divers cours de sciences et de lettres, cours qui se font en langue allemande, et qu’entretient annuellement un budget assez lourd de deux cent trente-quatre mille roubles. À quatre mille près, c’est le chiffre des volumes que renferme la riche bibliothèque de leur Université, l’une des plus importantes et des plus suivies de l’Europe.

Cependant Dorpat n’est pas absolument dépourvue de tout commerce, en conséquence de sa situation géographique, au croisement des principales routes des provinces Baltiques, à deux cents kilomètres de Riga, et à cent trente seulement de Pétersbourg. D’ailleurs, comment pourrait-elle oublier qu’elle fut une des plus prospères cités de la Hanse ? Aussi, ce commerce, si peu développé qu’il soit, est-il concentré entre les mains germaniques. En somme, les Esthes, qui forment la population indigène, ne comprennent que des ouvriers, des manœuvres ou des domestiques.

Dorpat est pittoresquement bâtie sur une colline qui domine au sud le cours de l’Embach. De longues rues desservent ses trois quartiers. Les touristes y visitent son observatoire, sa cathédrale de style grec, les ruines d’une église ogivale. Ils ne quittent