Page:Verne - Un drame en Livonie, illust Benett, 1905.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
146
un drame en livonie.

— Où ?…

— Au kabak de Kroff.

— Tu étais là ?…

— Oui, monsieur le major, avec un de mes agents, avant de retourner à Pernau.

— Et tu as parlé à ce malheureux garçon ?…

— Pendant quelques minutes, et j’ajoute que si l’assassin, comme tout le fait supposer, est ce voyageur qui accompagnait Poch, ce voyageur qui a passé la nuit dans l’auberge… je le connais aussi…

— Tu le connais ?…

— Oui, et si le meurtrier est bien le voyageur en question…

— Mais cela n’est pas douteux d’après les constatations de l’enquête…

— Eh bien, monsieur le major, je vais vous le nommer… Peut-être ne me croirez-vous pas !

— Je te croirai, si tu m’affirmes…

— J’affirme ceci, répondit Eck : ce voyageur, auquel je n’ai point adressé la parole, je l’ai parfaitement reconnu dans le kabak, bien qu’il tînt sa figure sous son capuchon… C’est le professeur Dimitri Nicolef…

— Dimitri Nicolef ?… s’écria le major Verder, stupéfait. Lui… ce n’est pas possible…

— Je vous avais bien dit que vous ne voudriez pas me croire ! » répéta le brigadier.

Le major Verder s’était levé, il marchait à grands pas dans son cabinet, murmurant :

« Dimitri Nicolef !… Dimitri Nicolef ! »

Quoi ! cet homme dont on faisait un candidat aux prochaines élections municipales, cet adversaire de la puissante famille des Johausen, ce Russe en qui se résumaient toutes les aspirations, toutes les revendications du parti slave contre l’élément germanique,