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sur une tombe.

ment à cette affaire. On n’en parlait plus. Le parti germanique l’avait emporté aux élections municipales. Frank Johausen, réélu, affectait même de ne plus s’occuper de la famille Nicolef.

Mais Jean et Ilka, bien d’accord en ceci, se souvenaient de l’obligation souscrite par leur père au profit du banquier. Ils considéraient comme un devoir de libérer sa mémoire — au moins sur ce point.

Pour y parvenir, cela exigeait du temps. Il fallait réaliser le peu qu’ils possédaient, vendre la maison paternelle, la bibliothèque du professeur, tout ce qui serait réalisable. Peut-être, en sacrifiant jusqu’à leurs dernières ressources, s’acquitteraient-ils par un complet remboursement.

Après, ils verraient… Ilka pourrait donner des leçons, si on voulait d’elle… Peut-être en une autre ville. Jean chercherait à entrer dans quelque maison de commerce.

D’autre part, il fallait vivre. Les ressources s’épuisaient. Les quelques économies faites par Ilka sur ce que gagnait son père diminuaient de jour en jour. Il importait que cette liquidation s’achevât au plus vite. Le frère et la sœur décideraient alors s’ils resteraient ou non à Riga.

Il va sans dire que Wladimir Yanof, après le refus de la jeune fille, avait dû quitter la maison, au moins par convenances. Mais logé dans le faubourg, à quelques pas seulement, il y venait aussi assidûment que s’il l’eût encore habitée. Il offrait ses conseils pour la réalisation du petit avoir destiné à rembourser MM. Johausen frères. Ses conseils étaient reçus comme ceux du plus dévoué des amis fidèles à la famille. Il mettait à la disposition d’Ilka ce qu’il avait gardé du dépôt paternel, mais celle-ci ne voulait rien accepter.

Et alors Wladimir, admirant cette hauteur d’âme, subjugué par la noblesse de ce caractère, adorant Ilka, la suppliait de consentir au mariage, de ne pas s’obstiner à se croire indigne de