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un drame en livonie.

lorsque Broks, revenu de Pernau, aura remis la malle en état…

— C’est convenu, répondit l’aubergiste. Personne ne vous réveillera, et, quand ce voyageur partira, je ferai en sorte que le bruit n’interrompe pas votre sommeil. »

Poch, étouffant des bâillements très justifiés par la fatigue, entra dans sa chambre, dont il referma la porte à clef sur lui.

Kroff était seul dans la salle à peine éclairée par la lanterne. S’approchant de la table, il enleva le couvert du garçon de banque et rangea les assiettes, la tasse et la théière. C’était un homme d’ordre : il ne remettait pas au lendemain ce qu’il pouvait faire le jour même.

Cela fait, Kroff se dirigea vers la porte de l’enclos et l’ouvrit.

De ce côté, qui était celui du nord-ouest, la rafale s’acharnait avec moins de violence, et l’annexe en retour se trouvait abritée dans une sorte de remous. Mais, au-delà de cet angle, le vent faisait rage, et l’aubergiste ne pensa pas qu’il fût nécessaire de s’y exposer. Un coup d’œil du côté de la basse-cour suffirait.

Rien de suspect dans l’enclos. Pas une de ces ombres mouvantes qui auraient indiqué la présence d’un loup ou d’un renard.

Kroff agita sa lanterne en toutes directions ; puis, ne voyant rien de suspect, il regagna la salle.

Comme il convenait de ne pas laisser éteindre le poêle, il le chargea de quelques morceaux de tourbe, jeta un dernier regard autour de lui et se dirigea vers sa chambre.

La porte, presque contiguë à celle du jardinet, permettait de pénétrer dans l’annexe où se trouvait la chambre de l’aubergiste. Cette chambre confinait donc à celle où Poch dormait déjà d’un épais sommeil.

Kroff entra, sa lanterne à la main, et la grande salle fut plongée dans une complète obscurité.