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LE DÉSERT DE GLACE

Quoi qu’il en soit, cet équipage passa évidemment par mille tortures, mille désespoirs, pour en arriver à cette épouvantable catastrophe ; mais le secret de leurs misères est enseveli avec eux pour toujours dans les neiges du pôle.

« Fuyons ! fuyons ! » s’écria le docteur.

Et il entraîna ses compagnons loin du lieu de ce désastre. L’horreur leur rendit une énergie momentanée. Ils se remirent en marche.


CHAPITRE XXVII. — CONCLUSION.

À quoi bon s’appesantir sur les maux qui frappèrent sans relâche les survivants de l’expédition ? Eux-mêmes, ils ne purent jamais retrouver dans leur mémoire le souvenir détaillé des huit jours qui s’écoulèrent après l’horrible découverte des restes de l’équipage.

Cependant, le 9 septembre, par un miracle d’énergie, ils se trouvèrent au cap Horsburg, à l’extrémité du Devon-Septentrional.

Ils mouraient de faim ; ils n’avaient pas mangé depuis quarante-huit heures, et leur dernier repas fut fait de la chair de leur dernier chien esquimau. Bell ne pouvait aller plus loin, et le vieux Johnson se sentait mourir.

Ils étaient sur le rivage de la mer de Baffin, prise en partie, c’est-à-dire sur le chemin de l’Europe. À trois milles de la côte, les flots libres déferlaient avec bruit sur les vives arêtes du champ de glace.