Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
10
LETTRE-PRÉFACE

comment auraient-ils pu résister ? Mais la lutte fut grande, chez quelques-uns, entre cette croyance et la voix profonde d’une conscience supérieure.

Mais si, devant cette déroute, je n’ai ressenti qu’une pitié infinie pour tous les pauvres hommes, je me suis juré de travailler toujours, et inlassablement, à ruiner cette croyance néfaste qui condamne l’humanité à se détruire elle-même.

Les hommes ne seront pas sauvés par un miracle. Il y faut leur volonté. C’est encore ce que j’essaie de dire dans ces pages. L’image de ce jeune instituteur de vingt ans — qui n’est pas, hélas ! un personnage fictif, mais une douloureuse et réelle figure de victime — cette image est un symbole, et ce n’est pas par fantaisie que je l’ai ici évoquée. Ce n’est pas même par un sentiment de réparation à l’égard d’un de nos martyrs. Mais c’est parce que cette image est l’évocation même de la conscience aux prises avec toutes les puissances consacrées par la tradition.

Pourtant, la raison profonde qui guide l’humanité n’est pas la douleur. Le secret instinct de nos âmes, c’est la sympathie, le grand désir de nos poitrines, c’est la joie. Nous y allons, hélas ! par les voies de la souffrance parce que nous sommes imparfaits, mais nous y allons. Seulement, la route « sera semée de victimes » comme le dit la sage Henriette.

Qu’importe ! il faut aller vers la lumière.

Vous, mon cher ami, vous qui avez la jeunesse, vous verrez des horizons que nous n’atteindrons pas. C’est vous, vous et ceux qui vous ressemblent, qui la réaliserez, cette « Nouvelle Équipe » où s’enrôleront les volontaires du bon travail humain.

Puisse la leçon du passé vous servir. Puissent les fautes commises, puisse la dure rançon que depuis quinze ans les hommes paient à la plus monstrueuse de leurs folies, vous être salutaires. Je ne puis que vous crier courage.