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LA NOUVELLE ÉQUIPE

marié, lui aussi. Il avait épousé la fille d’un instituteur, collègue et ami de son père, dont il avait partagé les jeux d’enfant. Entre les deux ménages Bournef la plus franche amitié régnait, et, malgré les différences fondamentales qui le séparaient des deux frères, le général Delmas ne leur témoignait pas moins une grande estime. D’ailleurs, avec un tact parfait, Léon et Maurice évitaient les heurts et les froissements, et cela d’autant plus facilement que le général n’était pas souvent dans leur milieu.

Seule, Mme Delmas faisait de fréquents séjours à Ville-d’Avray près de « ses enfants » ainsi qu’elle aimait dire, associant entièrement Maurice à l’affection qu’elle portait à sa fille. Ces séjours s’étaient rapprochés encore depuis la naissance d’Henriette ; mais cette femme de cœur et de dévouement n’était pas de celles qui troublent la sérénité des familles.

La naissance de Pierre allait-elle troubler cette paix ? Le tout petit homme qui venait de faire son apparition allait-il jouer, dans la vie du général et de sa famille, le rôle d’un perturbateur ? L’avenir nous le dira. En attendant, les paroles de son père avaient inquiété Jeanne, et elle avait confié son ennui à son mari.

— Ne nous tourmentons pas d’avance, avait dit doucement Maurice, les choses iront peut-être mieux que nous ne le supposons.

Cependant un petit incident raviva bientôt les craintes de la jeune mère.

C’était le jour de sa première descente au jardin. Toute la famille s’était réunie près d’elle, son mari, son père, sa mère, ainsi que Léon et sa femme, arrivés de la veille avec la sœur des Bournef, Éliane, une jeune fille de seize ans.

Maurice avait pris dans ses bras le bébé réveillé.

— Passe-moi donc mon neveu, Maurice, dit la