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LA NOUVELLE ÉQUIPE

Puis, voyant sa femme prendre le bébé des mains d’Éliane Bournef, le général dit encore :

— Sous le double signe de Mars et du Lion ! ne l’oubliez pas si je ne suis plus là pour vous le rappeler.


II


Nous franchirons une période de neuf années, et nous retrouverons les deux ménages Bournef, en cette fin de juillet 1914, chez leur père, à Triel. L’ancien instituteur, qui avait pris sa retraite trois ans auparavant, s’était installé là sur un petit domaine qui lui permettait de s’occuper de travaux agricoles. Une grande maison d’habitation, avec jardin d’agrément, potager et herbages.

— Me voilà gentilhomme-fermier, avait-il dit. Le sang des Bournef va tressaillir d’aise.

Il est un fait qu’avec des bêtes, un jardin, des arbres, Lucien Bournef se trouvait dans son élément. C’était comme une vie nouvelle qui, vers la soixantaine, recommençait pour lui.

Cette année là, donc, Maurice et Léon avaient projeté de venir passer la seconde quinzaine de juillet près de leur père avant d’aller s’installer, pour le mois d’août, chez un de leurs oncles, cultivateur sur la Côte Normande. Leur sœur Éliane, mariée depuis deux ans à un jeune peintre dont les premiers essais avaient été bien accueillis, devait venir les rejoindre à Triel avec son mari. Mais cette rencontre, projetée depuis Pâques, n’avait cependant pas pris le caractère heureux qu’on en attendait. Les deux frères étaient arrivés soucieux. La situation internationale était tourmentée, une menace sourde planait sur l’Europe. Maurice et Léon, qui avaient suivi tous les événements politiques de très près depuis l’attentat de Sarajevo, ne se dissi-