Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
34
LA NOUVELLE ÉQUIPE

Sans rien dire, la mère étreignit son fils, et essuya ses yeux.

— Allons, dit-elle, mettez-vous à table, puisque vous devez partir.

Le repas était à peine commencé qu’on entendit de lointains roulements de tambour.

— Écoutez, dit Lucien Bournef, c’est le Garde Champêtre qui lit la déclaration officielle.

Quelques instants plus tard on entendit le tambour plus proche. Bientôt, il fut en face de la grille. Pierre Bournef s’élança dans le jardin pour écouter, et revint très vite, annonçant :

— La mobilisation commencera le dimanche 2 août à huit heures du matin.

Puis il ajouta, riant :

— Tiens, le 2 août, c’est mon anniversaire.

— C’est vrai, dit Jeanne. Il y a neuf ans, nous ne prévoyions pas les heures que nous vivons à présent.

— Te souviens-tu de la prédiction de ton père, Jeanne, demanda doucement Maurice.

— Quelle prédiction, mon ami ?

— Sous le double signe de Mars et du Lion ?

— Oui, mais il s’est trompé ! Sa prédiction ne pouvait s’appliquer à Pierre.

— Qui sait, ma pauvre amie, si, par un retour des choses, elle ne sera pas juste tout de même.

Maurice avait parlé d’une voix si grave, presque solennelle, que Jeanne tressaillit et devint pâle.

En ce moment une voisine des Bournef, qui venait d’entrer dans le jardin, s’avança devant la fenêtre ouverte.

— Monsieur Lucien, dit-elle, je viens vous dire une triste nouvelle.

Puis, répondant aux regards interrogateurs tournés vers elle :

Mme Gaucher, la femme du menuisier de la rue