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LA NOUVELLE ÉQUIPE

de Paris, vient de mourir subitement, en apprenant la mobilisation. Son fils est soldat et son mari doit partir. Le coup a été trop rude pour elle. Elle avait une maladie de cœur, elle n’a pu supporter l’émotion.

La poitrine serrée, tous s’étaient levés.

— Allons, prononça gravement le vieil instituteur, la guerre fait déjà son œuvre.


IV


À trois heures les deux ménages Bournef arrivaient à Paris. La gare Saint-Lazare présentait déjà un aspect anormal, l’aspect des départs aux jours de fête. Les quais étaient encombrés par des montagnes de bagages. Il y avait de tout, des malles, des ustensiles de ménage, de la literie, des paquets ficelés dans des toiles, des cartons à chapeaux, des chaises longues, des voitures d’enfant, des chiens dans des niches d’osier, des oiseaux dans des cages, dont beaucoup de perroquets. La foule des voyageurs n’était pas moins dense que les colis.

C’était si bizarre que, malgré la gravité de l’heure, les nouveaux arrivants ne purent s’empêcher de rire.

— Paris déménage déjà, dit plaisamment Léon. Il redoute le siège.

— Ou la révolution, fit Maurice.

— Crois-tu ?

— Tout est possible en de pareils moments. Rappelle-toi les manifestations de cette dernière semaine. L’annonce de la mobilisation a dû encore augmenter toute cette fièvre.

— Écoute, Maurice, si nous allions tout de suite à l’Humanité.

— Tu as raison.

— Et nous, dit Jeanne, nous allons prendre le train