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LA NOUVELLE ÉQUIPE

pour Ville-d’Avray. Je propose que Louise et Roger viennent chez nous, et que nous restions ensemble pour ne pas perdre de temps en allées et venues chez l’un ou chez l’autre.

— Excellente idée, dit Maurice. Alors c’est convenu, n’est-ce pas Louise ?

— Mais oui, je veux bien. D’autant plus, ma chère Jeanne, ajouta Louise, que je voudrais vous confier Roger demain matin pour me rendre à Paris. Je pense à mon frère qui va devoir partir.

— Rien n’est plus facile, répondit Jeanne. Alors c’est décidé, nous allons rester ensemble.

— C’est bien, conclut Léon, nous vous rejoindrons tout à l’heure.

Pendant que les deux femmes et les trois enfants se dirigeaient vers les quais de petite banlieue, les deux frères quittaient la gare.

— Je te propose d’aller à pied, dit Maurice, nous verrons un peu l’aspect de Paris.

Ils suivirent la rue Auber, puis l’avenue de l’Opéra. La physionomie des rues n’avait rien d’effrayant. Un peu de fièvre dans la foule, sans doute ; mais il ne semblait pas qu’on fût devant l’imminence d’une catastrophe.

Rue Réaumur, cependant, les deux frères croisèrent une bande de jeunes gens, le veston fleuri de rubans tricolores, qui chantaient et gesticulaient.

— À Berlin ! À Berlin ! criaient-ils.

— Mort à Guillaume ! vociféra l’un d’eux.

Maurice haussa les épaules.

— Des fous ! dit Léon.

Partout, sur les murs, l’affiche de la mobilisation s’offrait aux regards. Près d’elle, une autre affiche, signée Viviani, demandait à la population parisienne de rester calme. On y donnait l’assurance que justice serait faite de l’assassinat de Jaurès. Et toujours la