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LA NOUVELLE ÉQUIPE

— Et dire qu’on ne sait rien de positif sur la conduite de nos chefs politiques.

— On ne saura rien, mon pauvre ami. Ce n’est plus affaire, à présent, qu’entre notre conscience et nous.


V


Maurice et Léon Bournef, en ces dernières années, avaient adhéré au Parti socialiste. Leurs tendances personnelles les avaient rapprochés des travailleurs, et les thèses socialistes, dans leur ensemble, leur paraissaient s’approcher le plus de leurs aspirations de justice et de liberté. Ils avaient conservé, dans les rangs socialistes, toute leur indépendance d’esprit, toute leur fermeté de pensée. Ils étaient d’ailleurs très estimés. Leur « Histoire du Monde du Travail » leur avait valu une certaine notoriété, à la fois dans les milieux intellectuels et dans les milieux ouvriers. Les chefs du syndicalisme s’entretenaient assez souvent avec eux, et leur demandaient parfois conseil.

Depuis quelques années, ils s’étaient donnés à une tâche d’éducation ouvrière, par des conférences et des écrits, qui absorbait presque tous leurs loisirs. Désintéressés et généreux, ils n’avaient pas cherché la gloire. Mais ils avaient conquis partout la sympathie.

Optimistes, ils n’avaient pas voulu croire à la possibilité d’une guerre, malgré les dangers qu’ils avaient pressentis, et l’allure adoptée par la grande presse depuis un an. L’élection de Raymond Poincaré à la Présidence de la République les avait troublés, mais les dernières élections législatives leur avaient rendu confiance.

— Quand même, répétait volontiers Maurice, il faut faire fonds sur le bon sens de notre pays.

L’effondrement de leurs convictions les désorien-