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LA NOUVELLE ÉQUIPE

chambre est pour la paix, elle l’a manifesté en diverses occasions…

Brusquement il se tut, n’osant aller plus avant.

Le général n’avait rien perdu de son calme.

— Maurice, dit-il, je n’ignore pas ce qui nous sépare sur cette question. Essayons de causer sans parti-pris et sans animosité. Vous dites que le pays ne veut pas la guerre. Sans doute un pays ne veut jamais délibérément une guerre. Mais il y a cette revanche de 71 qui tient toujours au cœur de tous les français, l’Alsace-Lorraine à reprendre à ceux qui nous l’ont volée. Ce serait faire une injure aux hommes de notre pays que les supposer insensibles à une question d’honneur national.

— Alors, papa, interrogea Jeanne, tu crois que la France veut la guerre ?

— Je ne dis pas qu’elle la veuille ; mais elle l’acceptera sans répugnance.

— Tu crois qu’elle la déclarera ?

— C’est possible. Mais elle prendra des précautions. Notre gouvernement évitera certainement autant qu’il le pourra, les lourdes responsabilités.

— Oui, fit Maurice sur un ton d’ironie, il attendra la déclaration de l’Allemagne.

— Qui ne peut tarder, poursuivit le général. Il n’y a qu’à raisonner avec un peu de logique. L’Autriche et la Serbie sont en guerre. La Russie soutient la Serbie, et l’Allemagne est l’alliée de l’Autriche. Nécessairement, elle déclare la guerre à la Russie. Nécessairement encore, la France liée à la Russie par des traités, doit entrer dans le conflit. Peu importe que la déclaration vienne de sa part ou de celle de nos voisins. Ce qu’il faut comprendre c’est que la France ne peut pas rester étrangère dans une guerre où elle est moralement engagée. Cela, tout le monde le sait.

— Mais on nous avait donné l’assurance que l’al-