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LA NOUVELLE ÉQUIPE

— Hélas, mon cher Bournef, ce n’est pas d’aujourd’hui que le Parti s’élève contre la diplomatie secrète, et contre toutes ces alliances, si peu sûres au fond, et qui sont toujours un danger.

En ce moment, Maurice remarqua l’air découragé de Léon. Il reprit :

— Et des socialistes allemands, que sait-on ?

— Rien de positif. Mais remarquez qu’ils se sont trouvés devant le même cas de conscience que nous. Le 30 juillet la Russie mobilisait. Bien qu’on ne l’ait pas dit dans la presse, nous le savons. Devant cette menace les socialistes d’Allemagne ne pouvaient pas s’opposer aux mesures de résistance. Ils ont pu dire, comme nous, que la mobilisation n’était pas la guerre, mais seulement une mesure préventive. Bien entendu nous ignorons comment ils ont accepté la déclaration de guerre de l’Allemagne à la Russie. Que se passe-t-il en ce moment à Berlin, nous ne pouvons pas le dire.

Le silence, un moment, pesa dans la pièce.

— Cette incertitude est accablante comme une fatalité, dit enfin Maurice. Nous en sommes tous réduits à nous demander : que font, ou que vont faire les autres ? Ne serait-il pas plus logique de nous poser la question à nous-mêmes, et de nous demander : qu’allons-nous faire ?

— Mais voyons, mon cher Bournef, la question est posée et résolue. Elle n’est pas compliquée. Si l’Allemagne nous déclare la guerre, notre devoir est nettement tracé : nous défendre. Nous n’avons pas voulu la guerre, on nous l’impose. En nous défendant, c’est le droit que nous défendons.


viii


Quelques instants plus tard, Jeanne, Maurice et Léon, se retrouvaient dehors.