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LA NOUVELLE ÉQUIPE

entrer dans les histoires des diplomates et des capitalistes. Nous avons même déclaré, qu’en cas de mobilisation on ferait la grève générale, et voilà que ceux qui sont à la tête des organisations partent »…

— Desquels voulait-il parler ?

— De plusieurs secrétaires de fédération qui doivent partir aujourd’hui et demain, je crois, d’après ce que j’ai pu comprendre.

— Ah ! Lenoir et Bourdeau avaient raison, hier soir, vois-tu. Et nous qui, hier matin encore, espérions en les forces ouvrières organisées… Enfin continue Léon, ton terrassier m’intéressee. Il mérite la croix ce garçon-là.

— Bien sûr. Mais quoi, comme nos amis d’hier, c’est un vaincu aussi. Les autres l’ont raisonné, lui ont dit qu’on ne pouvait pas organiser de résistance, que le parti ouvrier n’était pas en force, que ceux qui voudraient résister individuellement seraient fusillés, et finalement lui ont conseillé de partir. Il les a quittés, les larmes aux yeux, répétant avec indignation que c’était une lâcheté qu’on lui conseillait.

— Léon, dit Jeanne avec vivacité, ce terrassier est une belle conscience, savez-vous ?

— Oui, il y en a quelques-uns comme lui ; mais la majorité prend assez bien la situation.

— As-tu vu Jouhaux et Yvetôt ? demanda Maurice.

— Non. Ils étaient venus, puis repartis.

— Ne trouves-tu pas singulière cette absence des chefs partout où l’on se présente ?

— Mon pauvre ami, que veux-tu, les chefs sont des hommes. Il faut reconnaître qu’ils sont dans une situation bien embarrassante. Ne nous abusons pas, ils n’avaient point de réelle autorité morale.

— Mais ce jeune terrassier cependant…

— Oui, il est une preuve que tous n’ont pas perdu leur foi. Mais le secrétaire avait raison quand il décla-