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LA NOUVELLE ÉQUIPE

rait qu’ils étaient trop peu. De même Lenoir et Bourdeau avaient également raison en affirmant que leurs chefs n’en imposaient pas au gouvernement.

— Il n’y a donc plus qu’à laisser aller les événements, selon toi ?

— Hélas ! Maurice, ils nous emportent avec eux.

Cependant ils étaient arrivés Boulevard Magenta devant l’immeuble occupé par la Bataille Syndicaliste.

— Quelles déceptions nous attendent encore là ? dit Maurice en montant l’escalier.

La première fut l’absence de Pierre Monatte.

— Il ne reviendra pas ce soir, dit le rédacteur présent. Et je ne pense pas qu’il puisse venir demain…

Les deux frères ne firent aucune remarque. Depuis vingt-quatre heures leur confiance s’en allait à la dérive.

— Avez-vous reçu des nouvelles importantes ? questionna Léon.

— Non. D’ailleurs nous n’aurons plus que des informations officielles. Aucune agence de renseignements privés ne fonctionne. Nous saurons ce que le Ministère de la guerre nous communiquera. Avec la mobilisation commence l’état de siège, la censure, le règne de la police.

— Allons, murmura Maurice, c’est l’enlisement.

En ce moment une porte s’ouvrit. Louis Mathias le directeur de la Pensée Libertaire parut.

— Tiens, s’écria Léon, c’est vous Mathias, comment osez-vous être là ?

— Je suis venu prêter la main pour la rédaction du journal. Il y a des vides dans le personnel.

— Ne pensez-vous pas préparer un numéro de votre Revue ?

— Pourquoi faire ? Nous n’avons pas d’argent à perdre. Or, ou nous dirons la vérité — du moins celle qui est dans notre pensée — et la censure n’en laissera