Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/84

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
78
LA NOUVELLE ÉQUIPE

vait être empoisonné afin de faire mourir beaucoup de français et détruire un grand nombre de petits enfants. Quant à Maggi lui-même, il s’était enfui clandestinement, emportant des milliards en pièces d’or dans des boîtes à lait.

Dès minuit le pillage s’organisa. Des bandes munies de barres de fer et de massues, s’attaquèrent aux boutiques, brisèrent les rideaux de clôture, puis les glaces, les portes, les montants des devantures, les marbres des comptoirs et étalages. Au petit jour, quand les voitures de livraison arrivèrent, elles furent prises d’assaut et le lait jeté dans les ruisseaux. Au matin, pas un dépôt de Maggi ne subsistait.

Léon Bournef apprit tout cela en descendant chercher le lait du déjeuner pour sa sœur. De lait, il n’y en avait point. Léon se trouva devant une boutique si parfaitement pillée qu’il n’en restait rien qu’un trou béant attestant l’ouragan qui était passé là. Glaces et marbres avaient été mis en miettes ; une colonne du magasin arrachée et tordue, gisait à terre.

Songeant au déjeuner d’Éliane, Léon entra dans une pharmacie voisine prendre une boîte de lait concentré. Aimablement, le pharmacien le mit au courant des scènes de la nuit et de la légende qui courait les rues.

— Paris devient fou, dit Léon.

— Bah ! déclara le pharmacien, c’est un phénomène qui s’explique très bien, psychologiquement.

Sans s’attarder, Léon remonta les cinq étages, et mit son frère et sa sœur au courant des événements.

— Quelles scènes de sauvagerie n’ont pas dû se dérouler, dit Maurice. N’oublions pas que Jeanne et Louise reviennent ce matin, et que nous devons les attendre à la gare. Paris n’est pas plus sûr aujourd’hui qu’hier.

Peu après, les deux frères partaient à pied vers Saint-Lazare. L’aspect de Paris était étrange. Sur