Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/156

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que la Grèce des bucoliastes fut une réalité et d’y transporter ses rêves : peu de semaines après la publication des Poésies Barbares, il publiera Thestylis, puis Kléarista (15 août, 15 octobre 1862, R. Cont.). Mais très peu de semaines après Kléarista, la barbarie de la Théogonie d’Hésiode entre dans sa poésie avec Ékhidna (31 décembre 1862, R. C.) ; en 1869, avec le Combat Homérique, ce sera la barbarie de l’Iliade (Sonnets et Eaux-fortes).

Condenser en quatorze vers les caractères principaux des combats homériques, c’est une gageure. Mais le poète n’a-t-il pas tenu la promesse de son titre ? Il l’a tenue, assurément, si du moins c’est surtout la barbarie du combat homérique que l’on cherche dans le sonnet français.

Barbare, ce tourbillon de guerriers jaillissant hors des nefs, si barbare que seule une comparaison ignoble en peut évoquer l’image :


De même qu’au soleil l’horrible essaim des mouches
Des taureaux égorgés couvre les cuirs velus[1],
Un tourbillon guerrier de peuples chevelus,
Hors des nerfs, s’épaissit, plein de clameurs farouches.


Barbares, cette symphonie de souffles rauques et de coups assénés, ce spectacle affreux fait de chars

  1. Géorgiques, IV, 554.