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CHAPITRE III


Poèmes scandinaves


LE CŒUR D’HIALMAR. — L’ÉPÉE D’ANGANTYR[1]


Leconte de Lisle avait déjà donné ses Poèmes antiques quand un livre de Xavier Marmier tomba entre ses mains[2] : Chants populaires du Nord (Islande, Danemark, Suède, Norvège, Feroe, Finlande), traduits en français et précédés d’une introduction[3]. Dans l’introduction il lut ces lignes :

On ferait un singulier contraste en mettant à côté de ces chants danois quelques suaves poèmes de l’Orient, un chant d’amour comme Gul et Bubul, un drame comme Sacountala. Ici, le ciel étoilé, les rayons de soleil, la terre chargée de fleurs, les jours livrés aux molles rêveries, les nuits pleines de parfum et de douces clartés ; là, le sol aride, le vent qui gronde sous un ciel nébuleux, la mer qui frappe avec des gémissements de douleur son lit de roc, ses flancs de sable ; ici, le monde des génies gracieux et les enchantements de la vie ; là, les créations bizarres et la lutte pénible de l’homme avec le sort et les éléments[4].

Ces paroles furent pour le poète un trait de lumière. Il songea aussitôt à réaliser le contraste singulier que Mar-


  1. Poèmes barbares, XII, XI.
  2. C’est une hypothèse que je fais là : mais elle me paraît très vraisemblable.
  3. Paris. Charpentier, 1842.
  4. P. XXXIX.