Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le petit enfant, âgé de deux semaines, lui dit : « Vieillard des pays lointains, runoïa de Karjala, tu as prononcé un jugement insensé, tu as injustement interprété la loi. »

Et le prêtre baptisa l’enfant, et il le couronna roi de la forêt, et il lui donna la garde de l’île des trésors.

Alors le vieux Wäinämöinen, rougissant de colère et de honte, chanta son dernier chant ; et il se fit une nacelle d’airain, une barque à fond de fer, et sur cette barque il navigua au loin, dans les espaces sublimes, jusqu’aux régions inférieures du ciel.

Là sa barque s’est arrêtée, là s’est terminée sa course. Mais il a laissé sur la terre son kantele et ses grandes runas pour l’éternelle joie de la Finlande.


De cette runa, Leconte de Lisle a simplement tiré la malédiction et le départ du Runoïa :


Chasseurs d’ours et de loups, debout, ô mes guerriers !
Écrasez cet Enfant sous les pieux meurtriers ;
Jetez, dans les marais, sous l’onde envenimée,
Ses membres encor chauds, sa tête inanimée.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Dépossédé d’un monde, il lança sur la mer
Sa nacelle d’airain, sa barque à fond de fer,…
Et nageant dans l’écume et les bruits de l’abîme,
Il disparut, tourné vers l’espace sublime.


Une autre source a donné bien davantage à l’auteur du Runoïa.

Dans un drame intitulé le Glaive runique, qui a pour sujet les derniers conflits du paganisme et du christianisme