Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 3.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

[1]De robes se vestoit à la maniere de France. Après la char usoit de chemises et de famulaires[2] de lin ; par desus vestoit une coute orlée de drap de soie. Chauces et solers estroit chauçoit. En yver vestoit un garnement forré de piaus de loirre ou de martre. Touz jors avoit s’espée ceinte, dont li pomiaus estoit d’or ou d’argent et li baudrez d’un tissu de soie ; si en ceignoit ii[3] aucunes foiz, meesmement aus granz festes ou quant message d’estranges terres devoient devant lui venir. Estranges manieres de robes[4], tant fussent beles, ne vot ainques vestir, fors une foiz tant seulement que il vesti une cote et un mantel à la guise de Rome, à la proiere l’apostoile Adrien[5]. Mès aus granz festes sollempnieus avoit un garnement tixu à or et sollers à pierres precieuses, et une corone d’or sor son chief aornée de riche pierrerie. Aus autres jors avoit petit de difference entre son habit et le commun habit du pople.

  1. Vita Karoli Magni, chap. xxiii.
  2. Famulaires. « Feminalibus lincis induebatur ». C’était une sorte de caleçon.
  3. On a dans le texte latin d’Éginhard : « Aliquoties et gemmato ense utebatur. » Le traducteur, ayant lu geminato au lieu de gemmato, dit que Charlemagne ceignait deux épées au lieu d’une épée enrichie de pierreries.
  4. Estranges manieres de robes, « peregrina vero indumenta », c’est-à-dire les costumes exotiques.
  5. Le royal ms. 16 G VI du Brit. Mus., fol. 151, ajoute en note : « Et une autre foiz, à la requeste du saint Pere Lyon, fut vestu de cote longue et de lonc mantel, et chauciez de chauces faictes à la maniere de Romme », voulant ainsi traduire la phrase suivant d’Éginhard omise par l’auteur des Grandes Chroniques : « Et iterum Leone successore ejus supplicante, longa tunica et clamide amictus, calceis quoque Romano more formatis induebatur. »