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Il faut d’abord constater que déjà, à la fin du xe siècle, la légende du voyage de Charlemagne à Jérusalem était accréditée. Benoît, moine de Saint-André sur le mont Soracte, qui écrivait entre 998 et 1001, dit que Charlemagne alla au saint sépulcre et l’orna d’or et de pierres précieuses[1]. Dans la suite, non seulement les manuscrits[2], mais encore les vitraux[3], propagèrent cette légende en même temps que celle de l’Historia Tilpini. Il ne faut donc pas être surpris qu’au xiie siècle on ait demandé l’insertion de ces légendes, en même temps que celle de la vie de saint Gilles, dans les chroniques de France[4].

On comprend très bien, d’après cela, que Vincent de Beauvais, dans son Speculum historiale[5], ait résumé l’Iter Hie-

  1. « Ac deinde ad sacratissimum domini hac salvatoris nostri Jesu Christi sepulchrum locumque resurrectionis advenisset, ornatoque sacrum locum auro gemmisque, etiam vexillum aurem mire magnitudinis imposuit ; non solum cuncta loca sancta decoravit, sed etiam presepe Domini et sepulchrum que petierant Aaron rex, potestatis ejus ascribere concessit » (Benedicti sancti Andreæ monachi chronicon, dans Mon. Germ. hist., Scriptores, t. III, p. 710).
  2. Voir ms. lat. 12710 de la Bibl. nat., ancien Saint-Germain, latin 1085. Dom Jacques Doublet, dans son Histoire de l’abbaye de Saint-Denis en France, 1625, in-4o, liv. IV, ch. iii, p. 1205, signale également un manuscrit de Saint-Denis dans lequel était conservé le récit de ce voyage. Cf. Ferdinand Castets, Iter Herosolymitanum, dans Revue des langues romanes, t. XXXVI (1892), p. 418 et 419.
  3. Voir Lassus et Didron, Monographie de la cathédrale de Chartres, pl. LXVIII. Le même vitrail existait aussi à Saint-Denis. Cf. Léon Gautier, Les épopées françaises, t. III, p. 290.
  4. Dans le ms. lat. 12710 de la Bibl. nat., fol. 34, à côté d’une sorte de table des chapitres relatifs à l’histoire de France depuis Priam jusqu’à Philippe Ier, on a mis en note : « Interponendum sancti Egidii, Iter Ierosolimitanum, Historia Tilpini et Hyspania ».
  5. Liv. XXIV, chap. iv et v.