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loiauté des Sarrazins l’avoient relenquie[1] et s’estoient torné à la loi Mahomet, ne pas ne la voloient lessier, fist occierre, et aucuns en envoia en France en essil. Par les citez establi evesques et menistres de sainte Eglise.

En la cité de Compostele, où li cors de monseigneur saint Jaque repose, asembla concile d’evesques et parlement des barons. Là, establi-il, en l’onor de monseigneur saint Jaque, que tuit li arcevesque et li evesque, li roi et tuit li autre prince d’Espagne et de Galice, present et avenir, fussent obeissant à l’arcevesque de Compostele. En une vile qui est apelée Hurye[2], n’establi pas evesque, car il ne la tint pas pour cité ; mais il vot et ordena que ele fust sugiete et obeissanz au siege de Compostele. Et je, Turpins, arcevesques de Rains, qui presenz estoie en ce concile de lx[3] evesques, dediai l’eglise et l’autel monseigneur saint Jaque, à la requeste Karlemaine, es kalendes de jugnet. A cele eglise soumist Karlemaines toute Espagne et Galice et li dona ausi come en douaire et commanda que chascuns chiés d’ostel[4] li rendist chascun an iiii deniers de droite rente, et fussent quite par tant de touz servages. Puis establi,

  1. Relenquie, abandonnée.
  2. Hurye, l’antique Iria, auj. Iria Flavia, paroisse d’El-Padron, prov. de La Corogne. Cette ville fut le siège d’un évêché jusqu’au début du ixe siècle. Le dernier évêque d’Iria aurait été, d’après Gams (Series episcoporum, p. 25), Theodemir, qui occupa ce siège vers l’année 800, et le premier évêque de Compostelle Ataulf Ier, qui occupa ce siège de 843 à 851 environ. Cf. España sagrada, t. XIX, p. 63-74.
  3. On a dans le texte latin : « Cum novem episcopis. »
  4. Latin : « Unusquisque possessor uniuscuiusque domus totius Hispaniæ et Galliciæ. »