Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 3.djvu/58

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plus granz pooirs estoit. Si cuidoit-on bien que il commençassent à faire ce dont il se vantoient, quele que la fins en fust, se lor propos n’eust esté destorbez et enpeechiez par la mort de lor prince, car il fu occis par un sien serjant[1] maismes. Ensi fu cele guerre fenie sanz commencier, que li rois eust hastivement enprise se ne fist ceste aventure.


IV.
Coment li dui frere partirent le roiaume après la mort lor pere et de sa premiere bataille que il fust en Aquitaine ; coment li rois Desiers de Pavie fu pris et envoiez en essil, et du privilege que li apostoiles Adriens dona à la corone de France.

Jusques ci avons parlé birement de ses victoires ; ci après en parlerons plus plainement et de chascune par ordre ; et premierement coment il vint à terre[2] après la mort son pere.

[3]Après le decès le roi Pepin, si dui fil Challes et Karlemannes departirent le roiaume par l’acort des barons et regna chascuns en sa partie. Charles, qui ainznez estoit, fu coronez en la cité de Noion et Karlemanes, li mainnez, en la cité de Soissons[4]. Après son

  1. Éginhard dit qu’il fut assassiné « a proprio satellite ». Le moine de Saint-Gall (liv. II, chap. xxi, dans Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. V, p. 130) dit qu’il fut assassiné par un de ses fils. Les Annales Francorum, année 810, nous apprennent que ce roi des Normands ou Danois s’appelait Godefrid.
  2. Il vint à terre, il prit possession de la terre ; c’est-à-dire monta sur le trône.
  3. Annales d’Éginhard, année 768.
  4. Ils furent tous deux couronnés le 9 octobre 768.