Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 4.djvu/138

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chiet continuement chieve[1] la pierre dure, avint ensi que li menistre du deable pourchacierent tant, que il assemblerent touz ses fiuz a tant com il porent avoir de gent, chascuns endroit soi. Et l’apostoile George[2] firent-il ausi venir par malice, sour la color de pitié, ausi comme pour metre pais, se il peust, entre l’empereor et ses enfanz. Mais la verité fu après aperceue. D’autre part, vint li empereres à Garmaise, à grant ost ; là demora grant piece pour soi conseillier et aviser que il feroit. A la parfin, envoia à ses fiuz l’evesque Bernart[3] et autres messages, et leur mandoit que il venissent à lui ausi comme fil doivent venir au pere.

A l’Apostoile manda que se il voloit faire ausi comme si devancier avoient fait, porquoi il tardoit tant à venir à lui ? Totesvoies renommée s’espandi partout et raconta ce qui estoit veritez des autres. De l’Apostoloie redisoit tant que il n’estoit pour autre chose venuz fors pour escommenier l’empereor et les evesques, se il estoient de riens contraire à la volenté de ses fiuz et se

  1. Chieve, creuse.
  2. Il faut Grégoire ; c’est le nom donné pour la Vita Hludowici.
  3. Ce Bernard ne saurait être l’évêque de Worms, comme l’indiquent D. Bouquet (Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. VI, p. 113, note d) et, après lui, Paulin Paris (les Grandes Chroniques de France, t. II, p. 372, note 3), car cet évêque, d’après Gams (Series episcoporum, p. 323), mourut le 21 mars 823. Pertz (Monumenta Germaniæ, Scriptores, t. II, p. 635, note 90) dit que ce Bernard doit être l’evêque de Strasbourg, Bernold ou Bernald. Simson (Jahrbücher des fränkishen Reichs unter Ludwig dem Frommen, t. II, p. 37, note 5) dit que l’on pourrait penser aussi à Bernard, archevêque de Vienne, auquel Adon donna le titre d’évêque (cf. Scriptores, t. II, p. 320 et 322), si, dans la suite, il ne figurait pas parmi les rebelles.