Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 4.djvu/139

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il estoient de riens inobedient vers lui. Mais quant li prelat oïrent ce, il respondirent que ja en ce cas ne li obeiroient, et se il venoit pour iaus escommenier, il s’en iroit ausi escommeniez, car l’auctoritez, ce disoient, des anciens canons sentoit tout autrement.

[1]Quant ce vint à la feste Saint Jehan Baptiste[2], li empereres et si fil, d’autre part, vindrent en un lieu[3] qui puis ce tens fu touz jors apelez Chans mentiz, ou Chans plains de mençonges, pour ce que cil qui à l’empereor prometoient foi et loiauté li mentirent en cele place. Et pour cete raison, en demora puis toz jors la reproche au lieu. D’une part et d’autre, estoient ja les eschieles ordenées pour assembler ; si ni avoit mais que de la bataille, quant l’on dist à l’empereor que li Apostoiles venoit à li. Et quant li empereres qui ja estoit ordenez en sa bataille le vit venir, il le reçut toutesvoies ; mais ce fu en mains de reverence que il ne dut, et li dist que ce que il ne venoit pas à li en la maniere que il devoit, estoit granz soupeçons contre lui. Aus herberges fu menez, là parla à l’empereor et li aferma pour verité que il n’estoit pour autre chose

  1. Certains manuscrits, comme le ms. de la bibliothèque Sainte-Geneviève et le royal ms. 16 G VI du Brit. Mus., font commencer ici le chap. xviii.
  2. 24 juin.
  3. Les Annales de Saint-Bertin (année 833) désignent ainsi l’emplacement de ce lieu : « In pago Helisaciæ, in loco qui dicitur Rotfelth, id est rubeus campus, juxta Columbarium qui deinceps Campus-mentitus vocatur. » Thegan (chap. xlii) est moins précis, il dit seulement en ce parlant : « Campus magnum qui est inter Argentariam et Basileam. » Sur son emplacement qui serait près de Colmar, cf. Mabillon, Annales Ordinis Sancti Benedicti, t. II, p. 739, no 56, et aussi Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. I, p. 426, note 13.