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il sentoit qui estoient à venir après sa mort. Et disoit en complaignant : « Las, pourquoi est ma vie fenie en tele tribulation et en tele persecution de pais et de concorde. » Là estoient present maint vaillant prelat pour lui reconforter, et maint autre serjant Nostre Segneur. Entre les autres estoit Hethi[1], arcevesques de Treves ; Ocognaires[2], arcevesques de Maience, et Droves[3], ses freres, evesques de Mez et archecapelains du palais. Et de tant com il estoit plus ses prochains, de tant se fioit-il plus en lui. Ce estoit cil à cui il se confessoit chascun jor et par cui[4] il offroit à Dieu le sacrifice de vrai cuer contrit. Par xl jors ne prist ainques autre viande que le cors de son Sauveor, en regraciant et en loant la justice Nostre Seigneur, et en disant : « Sire Diex, tu es juges droituriers, car pour ce que je ne jeunai pas la quarantaine, je te rent orendroit ce jeune contrainz et efforciez. »

  1. Hetti, archevêque de Trèves, occupa ce siège de l’année 819 jusqu’à sa mort, survenue le 27 mai 847.
  2. Ocognaires ; il est appelé Otgarius dans la Vita Hludowici. Otgar, qui fut archevêque de Mayence de 826 jusqu’au 21 avril 847, date de sa mort.
  3. Drogo, frère de Louis le Débonnaire, archichapelain du palais, fut évêque de Metz de 826 au 8 décembre 855, jour de sa mort.
  4. Latin « per eum » (Vita Hludowici). Le ms. de la bibliothèque Sainte-Geneviève et d’autres mss. (cf. éd. P. Paris, t. II, p. 406) ont donné la mauvaise leçon : « à cui ». Le royal ms. 16 G VI, fol. 215, donne bien « par cui », ainsi que D. Bouquet (Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. VI, p. 168).